Type de texte | source |
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Titre | Discours sur la peinture et sur l’architecture |
Auteurs | Du Perron |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1758 |
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Editeur moderne | |
Date de reprint | Reprint Genève, Minkoff, 1973. |
, « Des avantages de la peinture, de son application à l’architecture » (numéro Seconde partie ) , p. 56
La peinture d’autre part, quoique féconde en beautés qui lui sont propres, perdroit mille occasions de briller, si l’architecture ne lui tendoit la main. Les tableaux d’Apelle étoient exposés dans la place publique, pour éprouver le goût des connoisseurs, et pour profiter de leurs critiques, mais c’étoit une situation passagere. Ces miracles de l’art, portés bientôt après chez les princes et chez les particuliers y jouissoient d’une gloire plus durable ; on les rangeoit sous les portiques, on les plaçoit dans les vestibules avec les statues des ancêtres : dans ces avantageuses positions, ils fixoient mieux les regards, et des lieux mêmes qu’ils embellissoient, ils recevoient mille graces nouvelles. Protogênes[[3:Protogênes, natif de la ville de Caune en Cilicie.]] contemporain d’Apelles, osa mépriser cet avantage, il habitoit une cabane et y exposoit au hazard ses admirables productions, elles étoient oubliées et méprisées.
Dans :Apelle et le cordonnier(Lien)
, « Des avantages de la peinture, de son application à l’architecture » (numéro Seconde partie) , p. 58
Le tableau de Ialise (au rapport de Pline, liv. 35 ch. 10) conserva la ville de Rhodes, lorsque Démétrius Poliorcetes, roi de Macedoine, l’assiégea l’an 304. avant Jesus-Christ ; car ne pouvant la prendre que du côte où étoit la maison de Protogênes, il aima mieux lever le siège et renoncer à la victoire qui lui étoit offerte, que de mettre le feu et de faire consumer cet ouvrage admirable. Ce prince ayant sçu, que pendant le siège, Protogênes ne laissoit pas de travailler dans une maison hors de la ville, sans que le bruit des armes fût capable de l’interrompre, le fit venir, et lui demanda comment il osoit demeurer ainsi à la campagne et se croire en sûreté au milieu des ennemis. Il lui répondit, qu’il sçavoit bien qu’un grand prince comme Démétrius, ne faisoit la guerre qu’aux Rhodiens et non pas aux arts : ce qui plut extrêmement à ce conquérant, et augmenta son estime pour ce peintre. Felibien.
Dans :Protogène et Démétrios(Lien)
, « Des avantages de la peinture, de son application à l’architecture » (numéro Seconde partie) , p. 57-58
[[4:suit Apelle et cordonnier]] Protogênes* contemporain d’Apelles, osa mépriser cet avantage, il habitoit une cabane et y exposoit au hazard ses admirables productions, elles étoient oubliées et méprisées. Cet inimitable tableau de Ialise, placé depuis à Rome dans le Temple de la Paix, n’attiroit chez l’artiste aucun regard, il lui falloit la magnificence d’un édifice et les secours de l’architecture pour piquer la curiosité des spectateurs.
* Protogênes, natif de la ville de Caune en Cilicie, florissoit vers la CXVII. Olympiade, et l’an 308 avant Jesus-Christ. Celui de ses ouvrages qui lui a fait le plus d’honneur est le tableau de Ialisus, fameux chasseur de l’Isle de Rhodes. Appelles fut si surpris de la beauté de ce tableau, qu’il avoua n’avoir jamais rien vû qui l’égalât. Protogênes, pour en conserver la durée, le couvrit de quatre couches de couleurs, afin que le tems en effaçant une, il s’en trouvât une autre toute fraîche. On y voyoit un chien échauffé, dont l’écume étoit admirablement représentée, et qui devoit sa perfection au hazard. Felibien.
« La fortune (dit Michel de Montaigne), surpassa Protogênes en la science de son art. Celui-ci ayant parfaict l’image d’un chien, las et recreu, a son contentement en toutes les autres parties, mais ne pouvant representer à son gré l’escume et la bave. Despité contre sa besongne, prit son esponge, et comme elle estoit abbreuvée de diverses peintures, la jetta contre, pour tout effacer : la fortune porta tout à propos le coup à l’endroit de la bouche du chien, et y parfournit ce à quoy l’art n’avoit peu atteindre. » [[4:suite : Protogène et Démétrius]]
Dans :Protogène, L’Ialysos (la bave du chien faite par hasard)(Lien)